Au petit matin, dans la région de la Xaintrie, lorsque la brume s’élève doucement du méandre de la Maronne, l’enchantement opère.
Cachées dans leur écrin végétal, comme blotties au cœur d’une nature sauvage et préservée
L’un des plus beaux joyaux de la Corrèze se dévoile … Les tours de Merle s’offrent à notre regard…grandioses et mystérieuses…
©Bruno Cipolat
Frontière naturelle entre le duché d'Aquitaine et le comté d'Auvergne, ce territoire à l’identité bien marqué est un maillage de petites routes sinueuses aux paysages aussi variés qu’enchanteurs.
Jusqu’au début du XXème siècle, ces terres formaient une vaste lande de bruyère.
Dans cette contrée où seuls bovins, chèvres et moutons entretiennent ces pentes abruptes, l’agriculture est souveraine. Au début du siècle dernier, la région doit faire face à l’exode rural permettant à la nature de reprendre ses droits.
Un nouveau paysage se dessine alors…
Associé à des Gorges profondes aux pentes abruptes (supérieur à 50% par endroits) et formées de roches métamorphiques ou basaltiques, d’étangs, de lacs brumeux ou seul l’envol d’un oiseau interrompt la quiétude des lieux, de près agrémentés de petits canaux qui démontre la fusion et le respect entre l’homme et la nature ou encore toutes ces forêts aux arbres tortueux, aux mousses épaisses et moelleuses qui, omniprésentes, s’immiscent et nous transportent dans un imaginaire de contes pour enfants rempli de magie.
Vous l’aurez compris, cet environnement exceptionnel constitue un biotope d’une richesse incroyable et d’une authenticité rare reconnu aujourd’hui à l’international au travers de divers programmes de préservation.
Classée réserve de Biosphères par le conseil International de Coordination du programme « Man and Biosphère » de l’UNESCO en 2012, classé Natura 2000 et ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Floristique Faunistique) et classé Zone de Protection Spéciale en ce qui concerne le directive « oiseaux », la Corrèze est une zone de protection pour de nombreuses espèces rares et protégés comme la truite fario, l'ombre sauvage, le saumon d'atlantique, différentes espèces de chauves-souris, la loutre, divers invertébrés de de très nombreux rapaces dont certaines espèces, très rares qui bénéficient d’une attention toute particulière.
Ce patrimoine exceptionnel nous dévoile le visage de la Xaintrie, terre de nature, mais aussi terre d’histoire
Nous sommes aux prémices de la féodalité…Non loin du petit village de St Geniez O merle, au cœur d’un cirque de bruyère, trône un éperon rocheux haut d’une trentaine de mètres sur 200 mètres de long et 40 mètres de large.
Réputé imprenable, cette presqu’île aux douves naturelles formées par la rivière Maronne renferme au xème siècle un site troglodytique doté d’un réseau souterrain, situé sous l’emplacement actuel des tours et servant de repaire aux « Confolenc » « chien fous en occitan » avec à leur tête, Bertand, un brigand de grand chemin qui sifflait comme un oiseau pour rassembler ses chevaliers afin de dévaliser les marchands remontant vers le nord.
Au XIème siècle, en plein moyen-âge, le Limousin se divise en quatre grandes vicomtés : Comborn, Limoges, Ventadour et Turenne dont Merle était vassal. Lors du mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II de Plantagenet, le site devient un lieu stratégique. Son enclavement, sa topographie et l’unique petit pont de la région, formé de deux piles et d’un tablier de bois deviennent le passage frontière entre le duché d’Aquitaine (sous l’emprise des Anglais) et les comtés de Toulouse et d’Auvergne.
Entre 1099 et 1118, il devient avec l’accord du vicomte de Turenne la propriété du Bienfaiteur de l’abbaye de Beaulieu sur Dordogne : Gerbert de Merle.
Ce puissant seigneur fait construire un premier château ainsi que la chapelle
de St Léger. Tout autour de la forteresse, dans les combes, la vie s’organise. Une trentaine de maisons sont bâties et vivent sous la protection du seigneur.
Du XII ème à la fin du XIII ème siècle, les alliances familiales transforment le château en véritable castrum. Chacuns des sept seigneurs (Merle, Veyrac, Pesteils, Carbonnières, Noailles, Saint
Bauzile, d'Alboy) érigent leur propre tours côte à côte à même le piton rocheux formant une coseigneurie puissante et massive.
Des règles strictes sont établies et s’apparentent à celles d’une copropriété d’aujourd’hui. En signe de pouvoir, chaque tour porte le nom de son propriétaire et chacun reste « chez soi ». Cependant, les coûts des parties communes sont divisés entre chaque seigneur…ou presque…car dans la société féodale, le principe d’égalité ne le reste jamais vraiment. En 1294, les Carbonnière s’affirment comme suzerain. Il s’installe dans la plus haute tour du piton (de 2 mètres seulement) par rapport à la seconde tour afin d’afficher leur domination. La cité féodale s’agrandit formant un ensemble complexe : « La ville de Merle ».
En 1350, plus d’une centaine de villageois résident dans ce village, tous placés sous la protection de la coseigneurie. Ils représentent l’ensemble des classes sociales de l’époque
et vivent dans une trentaine de chaumières mitoyennes ou indépendantes et pourvues d’un petit jardin, voir d'un verger.
En 1371, la guerre de Cent Ans fait rage. Les Anglais envahissent la région et prennent la tour de Pesteil qu’ils restituent rapidement en signe d’obéissance au pape Grégoire XI natif de Rosiers d’Egletons. En 1408, Charles VI récompense la résistance des seigneurs de Merle en les anoblissants.
Les guerres de religion s’enchaînent et bien que la forteresse ai un rôle prépondérant dans ces batailles elle finit par voir son déclin et son abandon faute de pouvoir résister aux tirs de canon.
La vie seigneuriale laisse place alors à l’une des plus grandes fauconneries du moyen-âge.
En 1574, les calvinistes s’emparent du château pour y installer une garnison. Toutefois les coseigneurs reprendront la citadelle deux ans plus tard en 1576 pour la laisser à l’abandon, préférant s’installer sur des terres plus accessibles et moins sauvages.
En 1730, on utilise l’hôtel de Pesteils pour reconstruire le pont emporté par d’importantes crues. La tour quant à elle, bien qu’édifiée entre 1200 et 1225, reste dans un état remarquable.
La plupart des villageois vivant sur les pentes quittent Merle. Néanmoins, quelques habitants continuent d'occuper le village au pied du rocher jusqu'au début du XXème siècle.
Un jour, pendant la période du Haut Moyen-Âge, un Sarrasin errant mis le seigneur du château de Merle dans le secret d’une grotte située sous son château. Il lui révéla qu’autrefois, une mesnie qui pillait la région y aurait caché son trésor.
Le seigneur de Merle découvrit la cachette, laissa les trésors en place, utilisant ensuite les souterrains pour y mettre lui aussi sa propre fortune.
Les générations suivantes fortifièrent le rocher et conservèrent jalousement le secret de l’antre souterrain qu’ils utilisèrent les uns après les autres, pour amasser leurs trésors.
Hélas, le secret du lieu se perdit avec le dernier descendant de la lignée. Aujourd’hui, on recherche toujours, dans les ruines des tours, l’entrée de cette grotte où serait enfouis ces trésors datant du VIIIe siècle à la fin du Moyen-Âge.
Au début du XXe siècle, Eusèbe Bombal observait encore les murs élevés sur quatre étages portant des fenêtres à meneaux et coussièges, des cheminées à arcs surbaissés, des éviers, des placards muraux, des latrines…
Construites en grès et acheminées des carrières de Gagnac dans le Quercy par chariot, les premières tours de Merle ont une vocation défensive. Les suivantes seront davantage destinées à la vie de la cité. La cité était organisée comme suit :
Les bâtiments dits de Cafolenc seraient sis à l'emplacement de la 1ère occupation humaine. Le 1er situé au Nord de la presqu'île (K) serait le plus ancien (Xème ou XIème s), puis furent construits les châteaux de Pierre de Merle (I) et de Veyrac (H). Ses bâtiments furent rasés en 1576 par le gouverneur d'Auvergne. Il n'en reste qu'une tour qui abrite encore un escalier à vis en pierre.
L'implantation de l'ancienne chapelle seigneuriale (J), dédiée à Saint Léger, (6 m x 4,5 m) marquait l'entrée de la 2eme enceinte. On distingue encore sur les culots, aux angles du chœur, trois des quatre symboles des saints évangélistes : l'ange, le taureau et le lion (l’aigle de
Saint Jean étant manquant). On pénétrait dans la seconde partie du " castrum " par un tunnel qui se trouvait juste en dessous du chœur de la chapelle.
Une fois franchie la " souricière ", l'entrée du fort des seigneurs de Saint-Basile se dresse devant vous (E). Édifié au XIII ème s et XIVème. Cette entrée est surmontée de sept écussons à champ vide qui devaient porter les armes des coseigneurs des lieux. Construit au XIIIe s., le fort dépendait du château des Carbonnière (XIIIe et XIVe s.) composé de tours juxtaposées. Celles-ci, éventrées, laissent apparaître cheminées, passages, portes, latrines donnant dans le vide
Ce Fort dépend du château de Pesteil et de Carbonnière
(D): deux puissantes familles venant du Quercy et de Haute Auvergne. Cette bâtisse se compose de deux constructions distinctes et accolées. Elles devaient comprendre environ vingt salles réparties sur sept niveaux. Les murs sont percés de larges fenêtres à meneaux, on y voit encore des cheminées à manteau sur arc surbaissé.
La tour de Fulcon de Merle (F), le plus puissant seigneur de Merle, est datée du XIIIème. sur la façade se trouve un pigeonnier. Cette Tour s'élève sur quatre niveaux, le rez-de-chaussée, où se trouve le cellier, est bâti à même le roc, les salles des étages supérieurs sont voûtées en berceau de plein- cintre et abritent une cuisine au sol en pisé (petites pierres taillées) avec placard, cheminée et mezzanine (remise à denrées) ainsi que la chambre des filles d'Hugues de Merle avec latrines (en parfait état) et fenêtres à meneaux.
Le château d'Hugues de Merle (G), daté du XVIème. Frère de Fulcon de Merle, il se compose de trois étages et c’est l'un des édifices les mieux conservés du site. On peut y découvrir les salles voûtées en berceau qui composaient le cellier, la cuisine, les chambres (dont la chambre des dames) avec cheminée et latrines. L'absence de contreforts et des murs plus étroits en font le bâtiment le plus élégant et le plus haut de la presqu'île.
Sur la place Del Ferradou (C) se trouvait un rempart séparant les deux terrasses. La tour Fulcon de Merle(F) Le fort Saint Basile(E) Le château d’Hugues de Merle (G) Le donjon de Noailles (B), daté du XIVème, construit en granit noir, était protégé au Sud et à l'Est par une enceinte rectangulaire percée de meurtrières
Les deux dernières tours sur trouvent à la pointe sud de la presqu'île, sur la montagne de Ganhac qui devint puy de Pesteils au début du XIIIe siècle. La première, dite de Noailles (XIIIe s.), est précédée d'une cour et des soubassements d'une seconde tour (autre tour de Carbonnière). Elle se composait de trois niveaux planchéiés sous voûte sommitale à quatre pans nervurés (aux armes des Noailles) Le dernier niveau étant une adjonction de la fin du Moyen Age-. L'accès à la tour s'effectue au 1er niveau (à environ 3 m de hauteur) et un escalier droit intramuros (mur nord) dessert les étages. Le 2ème possède sur ses faces ouest et est une porte donnant sur un balcon/hourd. Le dernier étage est éclairé sur ces mêmes faces par deux fenêtres à meneaux.
A huit mètres plus au sud, probablement construit à la fin du XIIIème, le donjon de Pesteils (A) fonctionnait comme une tour résidentielle. Dotée de cinq niveaux, un escalier en pierre permet l'accès à une terrasse couronnée de mâchicoulis et dominée par une échauguette de style byzantin à toit en poivrière. Cette terrasse repose sur une croisée d'ogives au centre de laquelle se trouve une clef de voûte sculptée aux armoiries du seigneur de Pesteils. Son entrée est située au rez-de-chaussée sur la face ouest et les trois étages sont distribués par des rampes d'escalier droites intégrées dans l'épaisseur du mur ouest. L'échauguette dessert la plate-forme sommitale. La tour est éclairée au sud et à l'est par des fenêtres à meneaux et à coussièges. Deux latrines superposées (face nord), une cheminée, des placards muraux, agrémentent le confort des lieux (source : doc player 45121196).
Classé monument historique depuis 1927, le castrum de Merle revit aujourd'hui grâce à des travaux de restauration et de valorisation de son patrimoine.
Les tours de Merle reste un lieu emblématique de la Corrèze ou règne une magie silencieuse et fascinante à la fois. Une ambiance qui nous transporte dès l’apparition du castel. Un lieu de légende qui nous transporte en une fraction de seconde dans une autre époque…Un temps révolu mais passionnant, celui du Moyen-âge.
RENSEIGNEMENTS
Les Tours de Merle
19220 Saint Geniez ô Merle
Tel : 05.55.28.22.31 / 05.55.28.27.67
Email : contact@toursdemerle.fr
OUVERTURE
DATES : Ouvert d'avril à novembre
HORAIRES D'OUVERTURE
Du 1er avril au 4 novembre 2018
Avril - Mai - Juin : 14h - 18h, tous les jours
1er Juillet au 31 Août : 10h - 19h, tous les jours
Septembre : 14h - 18h, tous les jours
Octobre : 14h - 18h, les dimanches
Vacances de Toussaint - 20 octobre au 4 novembre : 14h - 18h, tous les jours
Dernière entrée : 1h avant la fermeture.
Journées européennes du patrimoine : samedi 15 et dimanche 16 septembre : ouverture de 10h30 à 18h
TARIFS INDIVIDUELS
Moyenne saison
5,50 € adulte, à partir de 16 ans
3.50 € enfant, de 6 ans à 15 ans
Gratuit enfant de moins de 6 ans + Journées Européennes du Patrimoine - 3ème week-end de septembre
4.50 € Tarif réduit : demandeurs d'emploi, plus de 70 ans, rsa, personnes à mobilité réduite, adulte en costume médiéval, famille nombreuse - sur justificatif
Haute saison : du 1er juillet au 31 août
6,50 € adulte, à partir de 16 ans
3.50 € enfant, de 6 ans à 15 ans
5,50 € Tarif réduit : demandeurs d'emploi, plus de 70 ans, rsa, personnes à mobilité réduite, adulte en costume médiéval, famille nombreuse - sur justificatif
Gratuit enfant de moins de 6 ans
MOYENS DE PAIEMENT : CB et chèques vacances acceptées
LES EXTÉRIEURS A VOIR
A voir au sein d’un parc de 10 ha
* Les tours et leurs superbes points de vue
* Une ferme paysanne reconstituée
* Un jardin médiéval ainsi qu’un verger
* La maison Madège qui vous exposera une maquette du castrum ainsi qu’une exposition archéologique
* Le jardin Un jardin médiéval a pris place sur l'ancien passage du pont.
* La maison Esturgie : Dernière maison ayant été habitée à Merle.
* La boutique
* espaces de piques niques
* Les ruines du moulin en bordure de la Maronne utiliser au XIVème siècle et fonctionnel jusqu’en 1900
ANIMATIONS
Un livret d'accompagnement en différentes langues est à la disposition de chaque visiteur
Un jeu d'énigmes jalonne la visite (pour les enfants à partir de 6 ans)
L’été (juillet/août) de nombreuses animations sont proposées. Vous aurez le choix entre :
- Visites guidées d’environ 1h30 (11h – 15h – 17h)
- Visites guidées nocturnes
- Visites ludiques
- Ateliers créatifs pour enfants
- Balades nature
- Animations médiévales (spectacles de chevaliers, représentations équestres, fauconnerie, tir à l'arc et démonstration de forge)
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
- Pas d’espace « restauration » !!!
- Prévoir de bonnes chaussures. Vous êtes en pleine nature sur un piton rocheux !
- Déconseillée aux personnes ayant des difficultés à marcher et aux personnes à mobilité réduite (beaucoup d'escaliers). – Contactez les Tours de
Merle pour + d’informations
- Randonnée possible dans les gorges de la Maronne (Balisage Jaune)
- Poussettes à bannir car le site est très escarpé
- Chiens admis en laisse
- Toilettes dans le village uniquement
COMMENT S’Y RENDRE
Parking gratuit en amont du site
- Les Tours de Merle se situent sur la D13, en pleine nature entre collines et forêts
- - à 30 min. d'Argentat et 45 min. d'Aurillac
- - à 1h de Tulle et 1h15 de Brive la Gaillarde
- - à 50 min. de Mauriac et de Salers
HÉBERGEMENT
Chambres d'hôtes La Vérénerie
L'Hivernerie
19320 GUMOND
Coordonnées : 45°12'52"N 1°57'29"E ou 45,214456, 1,958239
Tél : 06 41 31 07 17
Pour avoir testé cette chambre d' hôte, je ne peux que vous la conseiller. Les propriétaires sont charmant et très accueillant. Ils sauront vous mettre à l'aise et partager leur amour de la
région et de leur patrimoine.
Les chambres sont décorées avec goût, la literie est d'excellente qualité et les repas tournés vers le terroir avec une mise à l'honneur des produits locaux. Vous dégusterez des spécialités et
reviendrez des souvenirs pleins la tête avec qu'une envie : Y retourner!
* Le Lac de Neuvic
* Les différents barrages sur la Dordogne
* Le ponts des rochers noirs
* La croix monumentale de Bassignac le haut
* Pont du chambon
* Belvédère de gratte Bruyère
* Le château de Ventadour
Sources – En savoir plus sur les tours de Merle :
La châtellenie de Merle d'Eusèbe Bombal.
Congrès archéologique de France163 e session, 2005.
Les chevaliers de la citadelle de Merle édité par le syndicat d'initiative de tourisme du canton de Saint-Privat.
Dictionnaire des paroisses de l'abbé K.B. Poulbrière.
Article de La Montagne
Flyer « les tours de Merle »
docplayer.fr/45121196
Diagnostic du territoire du bassin de vie d'Argentat
Site officiel « Les tours de Merle »
Crédit photo : Flikr creative commons, Laurent Maître, Bruno Cipolat, Gille peris y saborit, Yngwiemanux, Ballades en Corrèze, Sébastien Colpin